Flemming Nordkrog
Regards croisés avec Peter Albrechtsen
Le son épuré et organique du Danois évoque sans détour des influences qu’il reconnaît volontiers, Toru Takemitsu, Arvo Pärt ou Jon Brion. Du frottement d’une corde au bruit sourd d’un clavier, Flemming reste dans le moindre détail attaché au facteur humain et à la réalité du son. Une sensibilité nécessaire pour trouver le juste battement d’un projet. Cette affinité, aiguisée par une jeunesse à deux facettes, en bande, guitare en main et au tuba, côté musique de chambre, en fait un musicien atypique, privilégiant les formations intimes aux orchestres massifs. Des ensembles marqués par l’attention toute particulière portée aux bois (flûte, clarinette basse), comme un symbole dans cette quête de la respiration. Bien qu’atmosphérique, la musique de Flemming ne manque pas de corps et de textures mais c’est avec l’image qu’elle prend toute son ampleur, magnétisée par son support. Sans jamais renier le souffle mélancolique de ses origines nordiques, qui l’ont amené d’ailleurs à travailler à plusieurs reprises pour la maison de production de Lars Von Trier, Zentropa, un certain métissage se dégage du travail de Flemming Nordkrog, attiré aussi par un style plus chaleureux et léger ( Swinger, Happy Ending ). Un éclectisme alimenté par le choix des projets, puisque outre les longs métrages, le compositeur œuvre régulièrement pour des séries, notamment la plébiscité Follow the Money , produit par DR Fiktion ( Borgen et The Killing ) ou Chefs Saison 2, d’Arnaud Malherbe et Marion Festraëts pour France 2, Moloch pour Arte… En France il a collaboré sur tous les derniers films de Philippe Lioret, avec Erik Zonka sur Le Soldat Blanc et sur La Vie en Grand de Matthieu Vadepied, Un Divan à Tunis de Manele Labidi (multi recompensé). Autant de témoins de la singularité de ce musicien autodidacte vivant à Montreuil.